La théorie polyvagale, développée dans les années 1990, reste encore peu connue en France.
Pourtant, elle circule de plus en plus chez les accompagnant·es.
Cette approche porte une promesse forte : transformer la pratique, et parfois profondément, la vie des personnes accompagnées.
Quand on devient accompagnant·e, on se forme.
Beaucoup.
On teste et on s’approprie des approches, des « outils », des grilles de lecture et d’analyse.
Des cadres solides, reconnus, souvent exigeants.
Et pendant longtemps, ça fonctionne.
Puis arrive le moment — tôt ou tard — où quelque chose résiste.
Les approches qui fonctionnaient jusque-là ne correspondent plus à la situation.
On fait tout “comme il faut”, et pourtant, notre client n’arrive plus à avancer.
Quand les outils ne suffisent plus…
Ce moment, presque tous les accompagnant·es l’ont connu.
C’est ce client qui, sans s’en rendre compte, se coupe de lui-même dans la séance.
Il était là, présente, engagée, puis, quelque chose se referme.
Les mots deviennent difficiles à trouver.
Le silence s’installe.
Ou bien c’est celui pour qui tout devient trop, soudainement.
Les émotions arrivent d’un coup, déferlant comme une grosse vague .
Il voudrait rester présent, comprendre, avancer… mais ça déborde.
Il se sent envahi, submergé, parfois même un peu honteux que les émotions prennent tant le-dessus.
Et surtout, il a du mal à s’arrêter de parler, à écouter.
Et puis il y a celui qui part dans tous les sens, qui esquive, évite, qui rit quand ce n’est pas drôle.
Sans doute parce que s’approcher de certains sujets fait trop peur.
Alors il reporte les rendez vous, fait des pirouettes.Ils font comme Ils peuvent, souvent sans même en avoir conscience.
Dans ces moments-là, ce ne sont pas les personnes qui “résistent”.
Ce sont leurs systèmes nerveux qui tentent de les protéger.
Et pourtant, coté accompagnant·e, le doute s’installe.
Parfois même, c’est le système nerveux de l’accompagnant·e qui commence à se déréguler, malgré l’expérience, les outils et une vraie qualité de présence.
Mais comment avancer quand ce ne sont plus les mots qui comptent ?
Quand tout se joue dans le système nerveux de deux personnes qui se rencontrent ?
La théorie polyvagale : quand « la pièce manquante apparaît »
Un jour, au détour d’une formation, d’une supervision ou d’une conversation entre pairs, la théorie polyvagale apparaît.
Au départ, elle ressemble à une approche de plus : un concept neuroscientifique, presque anatomique, intéressant — mais pas forcément prioritaire.
Et puis, en creusant, quelque chose bascule.
Parce que la théorie polyvagale n’explique pas seulement ce qu’il faudrait faire.
Elle éclaire ce qui fait qu’une personne reste bloquée, tant que son système nerveux est en état d’alerte.
Beaucoup d’accompagnant·es décrivent cette découverte avec la même image :
comme regarder un film en noir et blanc, puis soudain en découvrir la version couleur.
Ce qui semblait confus devient lisible.
Ce qui semblait “résister” prend sens.
Les blocages cessent d’être vécus comme des échecs; ils deviennent des signaux enfin compréhensibles.
Les accompagnant-es apprennent à prêter leur système nerveux pour soutenir la régulation du système nerveux de leurs client·es !
La théorie polyvagale concrètement, dans la pratique
Intégrer la théorie polyvagale ne consiste pas à ajouter un outil de plus.
C’est plutôt un changement de paradigme.
On ne commence plus par se demander :
« Qu’est-ce que cette personne doit comprendre ? »
Mais plutôt :
« Se sent-elle suffisamment en sécurité, ici et maintenant, pour rester en lien ? »
La différence est fondamentale.
Si la sécurité n’est pas là, le changement ne peut s’installer durablement.
Cela transforme profondément la posture de l’accompagnant·e :
- on repère plus finement les états de stress
- on cesse de pousser quand le système se protège
- on sait ajuster le rythme, la voix, la présence à des fins de co-régulation.
- on soutient la régulation émotionnelle avant toute autre chose.
Et paradoxalement, les changements arrivent rapidement et deviennent plus durables.
Pourquoi cette approche est incontournable
Aujourd’hui, le contexte a changé.
Les clients arrivent avec :
- une fatigue émotionnelle diffuse
- des systèmes nerveux sursollicités
- des traumas parfois anciens, parfois récents
- une difficulté croissante à se sentir en sécurité
Beaucoup d’accompagnant·es le sentent intuitivement :
ce qui fonctionnait auparavant ne répond plus toujours aux situations actuelles.
Sans la théorie polyvagale, certaines situations restent difficiles à lire.
Avec elle, on comprend ce qui se joue sous la surface.
Un bénéfice souvent inattendu : pour l’accompagnant·e
La théorie polyvagale ne transforme pas seulement les accompagnements.
Elle transforme aussi la relation que l’accompagnant·e entretient avec sa propre pratique.
Elle aide à :
- prévenir l’usure émotionnelle
- repérer ses propres états de stress
- poser un cadre plus juste
- retrouver plus de sécurité intérieure en séance
Pour la plupart, c’est un avant et un après discret, mais profond.
Pourquoi se former à la théorie polyvagal ?
Il ne s’agit pas d’une mode.
Ni d’une tendance passagère.
Nos systèmes nerveux sont déjà là, et ils nous parlent — souvent sans mots.
Dans chaque séance.
Dans chaque relation.
Dans chaque silence.
La seule question est :
est-ce que vous savez les écouter ?
FAQ
La théorie polyvagale, c’est compliqué ?
Non. Quand elle est bien transmise, elle est intuitive. Elle met des mots simples sur des choses que beaucoup ressentent déjà.
Est-ce réservé aux thérapeutes ?
Coachs, accompagnant·es, praticien·nes relationnels travaillent tous avec le système nerveux, souvent sans le savoir.
Est-ce une méthode de plus à apprendre ?
Non. C’est un cadre qui rend vos outils existants plus efficaces.
Est-ce utile même sans travailler le trauma ?
La régulation émotionnelle est centrale dans toute relation humaine.
Pourquoi tant d’accompagnant·es s’y intéressent maintenant ?
Parce que le niveau de stress a augmenté, et que certaines situations demandent une autre lecture.